17 février 2014
L'énergie bois ne connaft aucune limite! Venus d'Europe et d'Amérique du Sud, une cinquantaine de représentants de la filière «biomasse bois» se sont retrouvés durant cinq jours mi-septembre, en Valais, pour débattre de l'avenir de ce matériau local, renouvelable, propre et neutre quant à son rejet en CO2• Toute l'équipe, ou presque, a gravi le fameux Bishorn à 4'153 mètres d'altitude, avec le défi de marquer le coup et d'offrir dix tonnes de granulés de bois à la nouvelle cabane de Tracuit (3'250 mètres), soit l'équivalent de deux années de consommation.
Le chauffage aux granulés de bois représente un avantage économique car les chaînes de valeur sont régionales, à l'inverse des énergies fossiles. Ce « Sommet de l'énergie renouvelable » a réuni des fabricants de granulés, mais aussi des fournisseurs de machines, des négociants en énergie et des entreprises contractantes venus d'Allemagne, de Suisse, d'Autriche, de France, de Belgique, du Danemark, de Hollande, du Luxembourg, de la République tchèque, d'Argentine et de Swiss Engineering représenté par Roland Keller, rédacteur responsable de la Revue Technique Suisse(RTS).
Ces professionnels de la biomassebois ont fait l'ascension du Bishorn (4'153 mètres) où ils ont déployé leurs drapeaux respectifs, puis ils ont préinauguré la nouvelle Cabane de Tracuit. Cette marche à l'assaut des sommets symbolise également le respect de la nature et la solidarité dont font preuve les pionniers du granulé de bois, de l'Europe à l'Amérique du Sud.
Biomasse: une forme d'énergie solaire
La biomasse bois est la forme stockée de l'énergie solaire, et elle offre une grande polyvalence. A côté de l'installation de
pompes à chaleur hautement efficaces (avec du courant vert, s'il vous plaît l), pour la plupart des pays européens c'est la seule source d'énergie
indigène à pouvoir être utilisée. Avantage de l'énergie bois: elle est stockable ! Presque partout en Europe, le bois est exploité selon le principe
du développement durable~. Dans ce domaine, on a accumulé des siècles d'expérience, et des certifications comme FSC et PEFC ont été mises en place.
Si l'Europe montre au monde que l'on peut aussi augmenter à long terme la création de valeur locale avec une sylviculture écologique, alors le transfert
de savoir devient lui-même un produit d'exportation: «Protection de l'environnement et de la nature pour des emplois modernes »,Ainsi, le participant
argentin de cette excursion, Matias Baumgart - société Lipsia, est un entrepreneur qui reboise d'anciens pâturages et des champs de soja tout en fixant
un quota de forêt non aménagée.
Il possède une certification FSC! Pour l'Europe: un premier recensement en 2003 faisait état de 142 petites usines de granulés de bois. Entre-temps, le chiffre est passé à environ 700 sites, dans lesquels le combustible est produit de façon locale et décentralisée. De même, sa distribution et sa consommation sont locales la plupart du temps. Le développement en Autriche, au Danemark et en Allemagne illustre l'évolution positive. Ainsi, en Allemagne, plus de 300'000 chauffages centraux et fours ont été installés. En 2001, le nombre d'équipements était inférieur à 1'000. Au plan mondial, ce sont environ 15 à 18 millions de tonnes de granulés de bois qui sont produits et consommés. Environ 1'000 millions de tonnes de bois sont utilisées dans l'industrie papetière. Sous l'influence de l'iPad et du smartphone, cette industrie est entrée en crise et de nombreux sites sont fermés, Actuellement, on assiste à un report de l'utilisation de cette matière première au profit de l'énergie. Si l'on considère que l'Allemagne, la Suisse et l'Autriche ont un taux de recyclage du papier de 75 - 80 % et que des pays comme la Chine-et les États-Unis n'utilisent cettesource qu'à raison de 10%, on peut deviner la quantité de bois d'énergie qui reste encore à disposition.
Anzère pionnière
«A titre personnel, je pense que le changement structurel profond
de l'approvisionnement en énergie - sans le nucléaire et l'énergie fossile - constituera le défi majeur pour les trente ans à venir», considère Markus Mann,
associé gérant de la W esterwâlder Holzpellets GmbH et Mann Naturenergie GmbH, en Allemagne. «Si depuis trois ans le canton du Valais accueille sur son
territoire la plus grande centrale de chauffage à pellets d'Europe, il peut également s'enorgueillir de posséder désormais, avec la cabane de Tracuit,
un chauffage central à granulés de bois fonctionnant à la plus haute altitude ». C'est ce qu'estime Albert Bétrisey, co-initiateur de la centrale de
chauffage à pellets d'Anzère. Il y a juste deux ans, la station d'Anzère abandonnait l'huile de chauffage au profit d'un combustible local et propre. En
2011, dans ce village de montagne, une centrale de chauffe d'une puissance de 6,3 MW a été construite sous l'impulsion et la direction de Mann Energie.
Dans la première étape quelque 15 objets immobiliers (600 appartements, 2'400 lits) ont été reliés, permettant ainsi une économie de 1,3 million de litres de mazout. Après deux hivers, les derniers sceptiques ont été convaincus. Depuis lors, ce ne sont pas moins de 40 bâtiments - respectivement 4'000 lits - qui se retrouvent sous contrat, parmi eux 3 hôtels et le centre Wellness de la station. Une troisième extension pour desservir le sud du village est en planification. A terme, ce seront plus de 2 millions de litres d'huile de chauffage qui seront économisés.
100% des forêts valaisannes
Le bois est une source de chaleur respectueuse de l'environnement, durable et neutre sur le plan des rejets de CO,. Les granulés de bois utilisés
par la centrale de chauffage d'Anzère proviennent à 100 % des forêts valaisannes. Ils sont produits par la société Valpellets à Uvrier, à 15
kilomètres d'Anzère. «Avec l'augmentation du prix du pétrole, le bois est aujourd'hui une énergie compétitive. A titrede comparaison, en Autriche,
30 % de l'énergie chaleur provient du bois, En Suisse, elle ne représente pour l'heure que 7 % alors que la proportion de forêts est sensiblement
identique», conclu Albert Bétrisey. (rke) G
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